Blaise Cendrars qui, décrivant la démarche hagarde des lecteurs-rêvasseurs invétérés que
nous sommes, écrit :
… pas chancelant, commun à tous les lecteurs tant soit peu prisonniers de leur vice comme si on avait introduit entre l’infundibulum et l’hypophyse des imprimés hachés menu menu qui leur démangent comme un milliard de fourmis rouges les replis de la cervelle, car bien rares sont les humains qui sont assez solides pour supporter sans fléchir, ainsi que des caryatides, un balcon énorme et délicat, de la tête, le poids d’une bibliothèque.
Denis Grozdanovitch "L'art difficile de ne presque rien faire" (p. 45)
А вчера мне по обмену с Букривера пришел Пруст на французском. Замечательное издание "Прогресса", с предисловием и комментариями (тоже на французском!).
Открываю, читаю и в глаза бросается:
Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.